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Union des Ecrivains Vosgiens
29 janvier 2022

MONIQUE BLIN

Annonce décès Monique Blin

 

 

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Chères amies, chers amis,

Je viens vers vous avec la triste nouvelle du récent décès de Monique Blin…

Monique a passé sa vie à travailler pour les autres, à défendre la cause des artistes, des écrivains de théâtre. Fondatrice du Festival des Francophonies en Limousin en 1984, elle s’est alors particulièrement investie pour soutenir les auteurs et autrices francophones « d’ailleurs », et notamment d’Afrique, s’évertuant à les faire connaître ici, en France, mais surtout à les aider à tenir bon, à grandir et se déployer dans leur propre pays. En initiant avec Pierre Chan le « Conseil des Sages » du Théâtre du Peuple, Jean-Claude Berutti a immédiatement pensé à y inviter Monique (aux côtés de Pierre Barrat, Michel Bataillon et Jack Ralite) pour que notre théâtre puisse profiter de son énergie, de son inébranlable bon sens des réalités, de son talent si généreux pour faire se rencontrer les artistes de plusieurs continents. Avec ses trois compagnons, sa contribution aura été essentielle pour notre Théâtre : que sa mémoire reste vive en nos cœurs !

Ses funérailles auront lieu lundi 31.01 à 10h30 en l’Eglise Ste Rosalie, 50 boulevard Auguste Blanqui 75013 Paris.

Jean-Claude Berutti, qui a eu la chance de la connaître depuis bien plus longtemps que moi, lui a rédigé un très bel hommage, que je vous transmets avec émotion.

François Rancillac

 

 

"Monique Blin s'en est allée... Difficile de savoir par où commencer pour lui rendre hommage !... Peut-être par nos chemins croisés. Alors que je suis assistant de Pierre Barrat en 1977, je rencontre Monique dans la toute nouvelle nef du Théâtre des Amandiers de Nanterre qu'elle dirige avec Pierre Débauche (nous y sommes en tournée pour la Biennale de théâtre musical contemporain). Nos conversations passionnées nous conduisent à parler de son ami Joachim Herz qui dirige alors le mythique Komische Oper à Berlin Est. Ni une ni deux, Monique l'appelle pour que j'aille à Berlin faire un assistanat chez le Maître saxon...

Nous nous retrouvons quelques années plus tard à Louvain-la-Neuve où elle vient voir un de mes spectacles co-produit avec la Tunisie. Elle dirige alors et développe les Francophonies de Limoges de façon extraordinaire... Depuis lors nous ne nous sommes plus quittés. Une fois arrivé au Théâtre du Peuple, je fais appel à elle (ainsi qu'à Pierre Barrat, Jack Ralite et Michel Bataillon) pour en rejoindre l'association et lui donner une carrure nationale. Monique accompagnera la vie de ce théâtre pendant vingt ans en y consacrant beaucoup de son temps précieux (elle parcourt à ce moment-là les continents pour voir des spectacles et rencontrer des artistes de tout poil). Dès qu'elle "prend sa retraite" (Monique a-t-elle jamais pris une retraite ?) des Francophonies, voilà qu'elle fonde "Écritures vagabondes" pour faire se rencontrer par tous les moyens possibles et partout dans la Francophonie auteurs du Nord et du Sud. Cela donne l'occasion de recevoir nombre de ces écrivains dans les Vosges.

Lorsque nous arrivons à la direction de la Comédie de Saint-Etienne, François Rancillac et moi, Monique nous dit : "Vous êtes faits pour l'Afrique, tous les deux, il y a déjà beaucoup au Burkina, on va travailler sur le Togo"... et nous voilà envoyés en mission pour créer et consolider un pont entre Saint-Etienne et Lomé. De ce travail sur quasiment dix années est sortie une association d'écrivains "Escales d'écritures", et plusieurs auteurs se sont confirmés grâce à ces échanges, dont Gustave Akakpo, désormais bien connu en France, mais aussi Rodrigue Norman et bien d'autres.

Autant dire que j'ai pris le virus de l'Afrique avec Monique, qui nous a accompagnés presque chaque fois dans ces aventures togolaises de répétitions, d'ateliers, de création. Tout cela toujours avec un sens diplomatique sûr et une discrétion face aux autorités qui faisaient mon admiration.

Pour les auteurs d'Afrique de l'Ouest, Monique Blin c'est "Madame Baobab", c'est-à-dire la force indestructible ! Et c'est vrai qu'au-delà de sa mort, son héritage en France, au Québec, au Moyen-Orient et dans sa chère Afrique est immense ! Combien d'auteurs a-t-elle aidés à grandir, combien d'éditions a-t-elle soutenues, combien de festivals a-t-elle fait naître ?

Et puis, il y a une quinzaine d'année, à l'occasion d'une rencontre qu'elle avait elle-même suscitée et organisée au Centre Pompidou sur la dramaturgie et le conte en Afrique, Monique m'a fait rencontrer Hassane Kouyaté... Bien sûr, elle savait ce qu'elle faisait (comme chaque fois qu'elle entreprenait de faire se rencontrer ses amis): le coup de foudre a eu lieu, Hassane et moi sommes devenus frères inséparables. À propos de rencontres, je me permets de citer quelques-unes qui ont compté et comptent encore et dont Monique est entièrement responsable : Etel Adnan, Moussah Diagana, Mohammed Kacimi, Yves Laplace, Carole Fréchette, Koffi Kwahulé, Eric Durnez, Véronika Mabardi, Moustafah Benfodil, Sid Agoumi, Maïssa Bay... Que celles et ceux que j'oublie m'excusent...

Un dernier mot : souviens-toi, Monique, des longs apéritifs en fin de journée à Lomé lorsque nous avions bien travaillé... On s'arrêtait à la station essence pour faire un plein, tu y achetais une bouteille de whisky et c'était notre récompense du soir dans la nuit tropicale. Allez, un dernier verre, ma chère Monique !"

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