LE TEMPS DES CERISES...

Marie Pascale Gaudé

Au pays de Rimbaud, le Temps des Cerises n'est plus

Mr Mondialisation

Quelle tristesse de voir autant de livres sous la pluie, finir leur vie, dans une benne à ordures...

À Charleville-Mézières, le Temps des Cerises n'a pas résisté à la crise. Quel paradoxe des temps. Pour chaque libraire indépendant sacrifié, c'est Amazon qui fait la fête. Quand une librairie ancienne baisse le rideau, ce sont des milliers d'univers, de mots et d'idées qui partent en fumée. Beaucoup d'ouvrages anciens, méconnus, surprenants, parfois mêmes pas référencés. Des choses dont on a pas forcément idée, sans un peu de curiosité. Les jugés obsolètes, sur le tas, finissent à la déchetterie, comme de vulgaires publicités de supermarché. Pas de temps à perdre. Il faut tout liquider. Aurait-on mis le feu à ces livres que l'indignation aurait été nationale. Leur destinée est pourtant exactement la même.

Un voisin regarde la scène de sa fenêtre, dépité. L’homme en profite pour récupérer discrètement quelques ouvrages pendant que personne ne regarde. « C’est dommage pour le quartier. C’était une institution. C’est du gâchis tout ça, j’ai mal au cœur. » explique-t-il à la presse. C'est pourtant d'une banalité consternante. Déjà en avril dernier, l'éditeur A.Gallimard craignait « une vague de faillites » des librairies. On commence seulement à en voir la couleur. Mais à chaque clé faisant un tour pour la dernière fois, ce n'est pas juste l'accès à quelques livres qui disparaît, c'est aussi un terreau social local, les conseils éclairés de quelques passionnés, des opportunités de découvrir d'autres univers sans envoyer nos débris dans l'espace, une partie de notre imaginaire. Qu'il semble loin, le Temps des Cerises.

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Mr Mondialisation

Photographies : Emma Facchetti

Source : https://www.lardennais.fr/.../charleville-mezieres-le...