PATRICK CHARLES MULLER : LEO !

Jean Martin

Patrick Charles Muller

Nous relayons aujourd’hui ce texte de Patrick Charles Muller :

“Léo, mon compagnon de pleurs d'un temps déraisonnable, saisons de mes chagrins, ma révolte, et les pauvres amours cachés dans mon cartable ...
Tu m'appris la Beauté naissante des blessures, que seul l'Amour défend par ce '' feu des gerçures''.
Tu me donnas ce goût d' être toujours armé d'un silence exhaussé, ce silence de la mer qui défend la mémoire de nos amours aimés.
Tu me fis découvrir la solitude amie qui ouvrit grand ma porte à mes compagnons d'âmes, Baudelaire en soie noire, Verlaine en velours gris, Rimbaud mains dans les poches, et ce foutu Guillaume avec son casque en cloche, écrivant à sa Lou sous le bruit du canon, érotisant l'obus sous un feu de chansons ; tous ces bossus de l'os, ailés de mille femmes, Quasimodos de l'âme, Bouffons de feu de dames, n'aimant que ces soleils mouillés comme des larmes, celles qui brillent encore quelque part, Dieu sait où, là bas nos amoureuses confondues de ciels doux, ou les catins fardées de sombres voluptés pour les plaisirs fanés de nos désirs mâles....
Depuis dans ce train bleu de rêveur amoureux, au wagon des amants, mélancoliques et
doux, sur tes rails Ferré je continue ma voie.
Mais, je l'avoue Léo, j'ai pris, tout près de moi, mon nécessaire à coudre les ourlets du chagrin.
Au noir velours de veste, portée comme un drapeau, j'ai posé un ruban comme une idée de mer, bleu bonheur à fossettes au soleil de ma Foi, goût du sel d’espérance qui se porte à coeur d'homme, sans oublier ma foi, tout ce sang sur nos croix et ces pleurs dans nos voix .....

Patrick Charles Muller©