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Janus (mythologie)
Janus
Dieu de la mythologie romaine
Buste romain de Janus, Musée du Vatican.
Buste romain de Janus, Musée du Vatican.
Caractéristiques
Fonction principale Dieu des commencements et des fins, des choix et des portes
Parèdre Carna
Équivalent(s) par syncrétisme Culsans
Culte
Temple(s) Janus Bifrons, Janus Quadrifrons
Date de célébration 1er janvier
• Enfant(s) Proca, Canens

Janus est le dieu romain des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes1. Il est bifrons (« à deux visages ») et représenté (voir illustration) avec une face tournée vers le passé, l'autre sur l'avenir. Il est fêté le 1er janvier. Son mois, Januarius (« janvier »), marque le commencement de la fin de l'année dans le calendrier romain2.

Son temple est situé sur le forum de Rome . Il est rituellement ouvert en temps de guerre et fermé en temps de paix. L'une des collines de Rome, le Janicule, lui est consacrée. C'est un dieu de premier rang dans la hiérarchie religieuse romaine, le seul avec Jovis - Jupiter et Mars - Marspiter à être qualifié de « Dieu le père », Januspater.

Nom et épithètes

Étymologie

Janus est écrit Ianus, en latin classique, Ian, en latin archaïque, dans le Chant des Saliens.

L'étymologie de son nom est formée sur la racine * provenant elle-même de la racine racine indo-européenne *ei-(« aller »), terme abstrait correspondant à la notion de « passer ». Cette étymologie correspond au sens que lui donnait les Anciens. Janus répond au concept de « passage » et il est généralement honoré comme un dieu introducteur3. Il est lié au passage du temps (janitor, le portier).

C'était l'interprétation que Ovide et Cicéron lui donnaient déjà :

  • « Je veille aux portes du ciel avec l'aimable cortège des Heures ; Jupiter ne peut entrer ni sortir sans moi : c'est pour cela qu'on m'appelle Janus »2. ;
  • « quod ab eundo nomen est ductum »« dont le nom dérive de allant »4.

Le linguiste Julius Pokorny souligne aussi la probable assimilation du prénom slave Jan, Jana avec le judéo-chrétien Iohannes (« Jean »)5. Il y a peut-être un ancien syncrétisme, la fête de la Saint-Jean d'hiver et d'été correspondant mutatis mutandis à celle de Janus en hiver et de sa parèdre Carna en juin. Pokorny rattache, avec un autre suffixe, ce Ianus latin à l’allemand Jahr, l’anglais year (« année ») et au grec ὥρα, hôra (« heure »). Janus serait à ce titre, un dieu abstrait du temps, équivalent théologico-mythologique du Chronos grec.

Deux autres étymologies ont été proposées par les anciens érudits pour expliquer le nom du dieu et sa nature6.

L'une, proposée par Paul Diacre au viiie siècle, et que la critique moderne juge « purement fantaisiste »6, est motivée par le sens d'ouverture et propose, pour radical, hio, hiare, hians (« ouvrir, béer »), dont Ianus, Janus dériverait par la perte de l'aspiration initiale. Il le rapproche du dieu Chaos qui précède la création du monde7. Ovide, sans établir un lien étymologique, rapprochait déjà Chaos de Janus : « autrefois on m'appelait Chaos2. » G. Capdeville6 considère forcé et inutile ce rapprochement avec le Chaos grec, la fonction d’« ouvreur » du dieu Janus étant suffisante pour expliquer sa place au début des temps.

L'autre, proposée par Nigidius Figulus, se rapporte aussi à la notion de passage, d'ouverture, et fait de Janus un être dual, équivalent à la fois de Diane et de l'Apollon romain :

« Il en est qui disent que Janus est le même à la fois qu'Apollon et Diane, et que ces deux divinités sont voilées sous son seul nom. En effet, comme le rapporte Nigidius, les Grecs honorent Apollon sous le nom de Θυραῖος (Thyréen), dont ils dressent les autels devant leurs portes, pour montrer qu'il préside aux entrées et aux issues. […] Chez nous le nom de Janus indique qu'il est aussi le dieu des portes, puisque son nom latin est l'équivalent du mot grec θυραῖος [note : « portier, de la porte », en grec]. Nigidius a dit expressément qu'Apollon est Janus et Diane, Jana8. »

Cette étymologie a le soutien d'Arthur Bernard Cook9 qui fait de Janus un dieu du ciel et du jour (dies en latin). Elle est celle de Jupiter, Jovis et, c'est peut-être un « doublon » dans leur panthéon romain de ce dieu. Néanmoins, la forme *Dianus postulée par Nigidius n'est nulle part attestée6.

Épithètes

Il est Pater (« père ») dans Januspater. Cette épithète cultuelle, réservée comme il est dit plus haut aux seuls Jupiter et Mars, marque son rôle primordial dans le panthéon romain. Il est célébré dans les très anciens chants des Saliens, comme le deus deorum8 (« dieu des dieux »).

Deux épithètes cultuelles du dieu sont Patulcius (« celui qui ouvre ») et Clusius (« celui qui clôt »)2 « parce que les portes de son temple sont ouvertes pendant la guerre et fermées pendant la paix8. »

Il est Bifrons (« à deux fronts, à deux faces ») chez Ovide et Geminus8 (« double, jumeau ») chez Macrobe qui le qualifie aussi de Quirinus (« romain »).


As_Publius_Cornelius_Lentulus_Marcellinus_Obverse

Janus bifrons, sur une monnaie romaine, ier siècle av. J.-C..

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