" Solidarité familiale " Vie d'autrefois par Marie Houillon
L'Association "Ralentir pour Vivre" 88240 Les Voivres
en collaboration avec le Blog Les Voivres 88240
vous présente ce vendredi
" Solidarité familiale"
Marie Houillon
En vous souhaitant bonne lecture
À mardi
Nous avons déjà parlé de la pêche aux grenouilles et signalé la surveillance qu'exerçait la Gendarmerie à ce sujet.
Toutefois, elle n'était pas la seule à sévir, dans l'immédiat d'après-guerre 39-45. les Services des Eaux et Forêts étaient mis, eux aussi, à contribution. C'était logique, mais cela compliquait la chose pour les pêcheurs nocturnes, car le garde-forestier était très connu, dans nos villages. Il en était parfois issu. En conséquence, il connaissait très bien tout le monde et on ne pouvait guère lui en conter !
Cette nuit-là, les jeunes du Moulin des Voivres s'affairaient autour du Rû Migaille, leur secteur de prédilection. Georges, Roland, Fernand et consorts attrapaient les grenouilles avec ardeur quand tout à coup, le guetteur opérant un repli stratégique ... et précipité, leur signale le danger :
" Attention ! Sauvez-vous ! Le garde forestier arrive ! "
Le garde forestier, on le connaissait bien, c'était le Jean, un sévère, très " Service, service. Jugulaire, jugulaire " ! On savait qu'il n'y avait pas d'indulgence à attendre de sa part ! Aussi, ce fut le sauve-qui-peu général !
Et le Jean, furieux mais goguenard, criait à la cantonade :
" Vous pouvez vous sauver ! Je vous connais tous ! Vous aurez de mes nouvelles, croyez- moi ! On ne me la fait pas ! "
Cause toujours ! les gaillards fuyaient à toutes jambes, l'un d'entre eux ayant abandonné ses sabots de caoutchouc pour courir plus vite !
Le Jean, avançant à l'aveuglette, trébucha sur les pauvres godasses esseulées !
" Ah ! Ah ! se dit-il. J'en tiens un ! Je vois à qui ces godasses peuvent appartenir ! On va rigoler !
Le lendemain, le garde-forestier, brandissant les sabots de caoutchouc, s'en va frapper à une porte au Moulin des Voivres. C'est la maman qui répondit , une femme énergique et courageuse.
" Bonjour madame ! C'est à un de vos fils, ces sabots. Je vous les rapporte parce que je les ai trouvés près du Rû-Migaille, cette nuit ! "
La brave dame sait ce que parler veut dire ! Elle envisage, en un éclair, la suite de l'histoire si elle dit oui.
" Çà, ce n'est pas à nous ! Je n'ai jamais vu çà chez nous ! Et puis, fichez-moi la paix ! "
Et plan ! La porte se referme au nez du Jean déconfit ! Que vouliez-vous qu'il fasse ? S'en aller avec les godasses ? Bien sûr ! C'était la seule issue !
On dit que la maman n'était pas des plus heureuses, obligée qu'elle était de racheter des sabots au fiston ! Mais elle avait sauvé l'honneur de la famille, n'est-ce pas ?