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Union des Ecrivains Vosgiens
22 juin 2021

PRIX ERCKMANN CHATRIAN suite

Remise des Prix Erckmann-Chatrian au Palais du Gouvernement à Nancy, en présence du maire de la Ville, Mathieu Klein : Prix remis au poète Richard Rognet pour l'ensemble de son œuvre, Bourses remises à la Société d'Histoire de Jœuf et environs (président : Roger Martinois) et aux Amis du musée des Beaux-Arts de Nancy (Association Emmanuel Héré, président d'honneur : Paul Vert). Photos : Gérard Louis.

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Commentaires
J
Quitte à me répéter, je veux, une nouvelle fois, citer ce passage tiré des "Élégies pour le temps de vivre" de Richard Rognet, poète vosgien inspiré par la vision de la sépulture d'André Marchand, laquelle vision rejoignait la mienne – l'inspiration en moins -, attristé pour ne pas dire choqué ou révolté que j'étais, à l'époque, par l’état délabré de cette tombe :<br /> <br /> « La lumière bafouille entre les arbres<br /> <br /> immobiles, les pierres, sous le soleil,<br /> <br /> cramponnent le sol, une branche perce<br /> <br /> le mur d’une ferme étranglée par un réseau<br /> <br /> de ronces et de souvenirs, une alouette<br /> <br /> s’engouffre dans l’espace jusqu’à<br /> <br /> toucher le ciel--- et le chemin semble monter<br /> <br /> vers des terres inapaisées,<br /> <br /> des terres et des champs de massacres,<br /> <br /> ceux que connut André Marchand abattu<br /> <br /> à Pontavert, dans l’Aisne, le cinq juillet<br /> <br /> mille neuf cent dix sept, à trente trois ans.<br /> <br /> Ces champs, ces terres d’affliction, ils se<br /> <br /> sont concentrés sur sa tombe<br /> <br /> délaissée où s’obstinent quelques herbes<br /> <br /> et quelques fleurs sauvages qui masquent<br /> <br /> à peine la plaque de métal émaillé où<br /> <br /> j’ai pu déchiffrer son nom et caresser<br /> <br /> d’une main chaleureuse le visage écaillé<br /> <br /> de sa photo sépia rongée par les saisons.<br /> <br /> Quels restes de lui furent apportés ici ?<br /> <br /> quels restes se sont mêlés à la terre<br /> <br /> de Pontavert ? Où demeurent dans les ténèbres<br /> <br /> ce que furent ses hargnes, ses espoirs,<br /> <br /> la tenaille de ses frayeurs ? Et l’alouette<br /> <br /> continue son vol impétueux, sans hésiter,<br /> <br /> comme si le monde s’appuyait sur ses trilles.<br /> <br /> Il a peut-être, ce soldat, sous<br /> <br /> les décombres et dans le temps, le secours<br /> <br /> de clartés immortelles, clartés que j’avais<br /> <br /> perçues à Sens, dans les cachots<br /> <br /> du Palis synodal dont les prisonniers<br /> <br /> avaient gravé sur les murs hostiles<br /> <br /> de pieuses figures patiemment travaillées.<br /> <br /> Présences qui défiez les siècles, vous<br /> <br /> qui vous embrassez au-delà de la vie,<br /> <br /> vous qui tenez tête, vous qui resplendissez<br /> <br /> dans le simple regard de celui qui se penche<br /> <br /> sur un visage usé par les intempéries<br /> <br /> et sur les formes qui foudroient<br /> <br /> les solitudes amères des prisons, présences,<br /> <br /> dites-nous où vibrent les paysages<br /> <br /> que ne blessent pas les remords, et s’il faut<br /> <br /> soulever les collines, dites-nous sur<br /> <br /> quels bras nous pouvons compter, sur<br /> <br /> quels frémissements de l’ombre, dites-nous<br /> <br /> s’il faut laisser mourir ou s’il faut<br /> <br /> rallumer les vertiges et les fièvres<br /> <br /> de ces inconnus qui saignent encore en nous. »<br /> <br /> Elégies pour le temps de vivre<br /> <br /> Richard Rognet<br /> <br /> Gallimard<br /> <br /> (Richard Rognet, poète français né en 1942 au Val d’Ajol, dans les Vosges, écrit ses premiers poèmes à l’âge de douze ans. Il publie son premier recueil en 1966. En 1969, il devient enseignant à l’École Normale de Mirecourt puis à Epinal avant d’intégrer le Collège Jules Ferry comme professeur de Lettres jusqu’à sa retraite en 2002. Sa rencontre avec Alain Bosquet en 1971 marque pour lui une étape importante dans son parcours de poésie. Entré en 1991, à l’Académie Mallarmé, il est fait Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres en 1994. Il obtient en 2002 le Grand prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres pour l'ensemble de son œuvre, déjà récompensée par de nombreux prix.)<br /> <br /> « La poésie de Richard Rognet est limpide, inspirée, elle suggère l’insaisissable et touche à l’essence même de nos émotions face à la nature. D’une savante simplicité, elle dit la fragilité de l’existence, sa quête de l’indicible en proie à l’inquiétude et au doute. L’écriture, lyrique, d’une douloureuse lucidité, exprime de manière bouleversante les sentiments qui nous traversent ». Le Galet bleu, Dominique Penloup, auteur de trois gravures dans un livre d’artiste déjà paru en 2009 sous le même titre Elégies pour le temps de vivre. »
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