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Union des Ecrivains Vosgiens
15 juin 2021

"Un dimanche au village" Vie d'autrefois par Marie Houillon

L'Association "Ralentir pour Vivre" 88240 Les Voivres

en collaboration avec le Blog Les Voivres 88240

vous présente ce mardi

"Un dimanche au village"
Marie Houillon 

En vous souhaitant bonne lecture

À vendredi 

Marie Houillon 2

 

Dans notre village, de tradition catholique, le dimanche était un jour très important, une halte dans la semaine surchargée de labeurs en tous genre, au cours des années 20.

Tout d'abord, le matin, il y avait la messe dominicale, à laquelle on n'aurait pas eu idée de manquer. C'était l'occasion de se retrouver entre gens du centre du village et gens des hameaux, d'échanger des nouvelles. C'était pour les jeunes filles et les femmes, l'occasion de faire toilette, de mettre des beaux atours, des chapeaux coquets. Car il était très mal venu de sortir " en cheveux ". Cela faisait " trainée " ! Alors, on avait le chapeau de feutre en hiver, à partir de la Toussaint, et le chapeau de paille pour l'été, que l'on étrennait à Pâques. On avait ses habits du dimanche, qu'on appelait aussi ses " habits de messe " tant était forte la tradition de se parer pour venir à l'église.

Et le dimanche matin, on voyait, sur tous les chemins de la commune, des groupes de gens bien pomponnés qui se hâtaient à pied vers la Maison du Seigneur. On n'était pas toujours très à l'heure. Dame, il avait fallu traire, débarrasser les bêtes, mettre le repas en route ( un pot au feu, traditionnellement). Alors quand Monsieur le Curé entonnait L'Asperges me Domine, en descendant la grande allée, il aspergeait plus de bancs vides que de dévots ! Mais cela s'arrangeait vite, tout le monde arrivant à peu près en même temps, aux environs du Gloria in excelsis Deo. Pour certains - des irréductibles- l'heure d'arrivée se situait pendant la prêche du desservant. Alors, on attendait " sous les cloches " que le sermon soit fini, car il état mal vu de faire du bruit dans l'église pendant que Monsieur le Curé parlait. C'était d'ailleurs la seule prestation en français que l'on entendait à la messe, tout le reste se déroulant en latin. Quand, pour terminer, on avait chanté le " Domine, salvam fac directam francorum gentem " (qui était un appel au Seigneur pour qu'il éclaire les dirigeants du pays), tout le monde se retrouvait sur le parvis de l'église, les hommes et jeunes gens d'un côté, les femmes et jeunes filles de l'autre. Et l'on discutait, on parlait du travail, du temps, de la semaine écoulée. Les messieurs descendaient, en groupe, au bistrot du village pour y continuer leurs conversations en buvant un verre, parfois pour y jouer aux cartes. Les dames rendaient visite, pendant ce temps, à la belle-maman, ou à la belle-sœur. On faisait la provision de papotages et de nouvelles pour une semaine, puis tout le monde rentrait chez soi, pour y savourer le traditionnel pot-au-feu mijotant depuis le matin. Très pratique, ce menu, qui conjuguait potage, viande et légumes. Souvent, le repas se terminait par une tarte aux fruits de saison. On ne s'éternisait pas à table, car il y avait le catéchisme pour les enfants à 13 h 30, et les Vêpres à 14 heures pour les jeunes filles et les mamans.

Ce catéchisme du dimanche, était plutôt une répétition de la leçon du jeudi précédent, beaucoup plus longue. A ce sujet, qu'il me soit permis une petite digression pour parler de l'Abbé Plumerel et de son enseignement du catéchisme. Curé des Voivres de 1905 à 1939, l'Abbé Plumerel était un homme jovial et tout rond, un véritable pot-à-tabac ! Ses cours d'enseignement religieux étaient à la mesure de son physique, bon enfant et sans prétention. Ils n'avaient rien d'une leçon magistrale. Assis sur un tabouret, au pied des escaliers de la Sainte Table, il expliquait, citait des exemples, provoquant les questions des gosses installés dans les " petits bancs ", garçon d'un côté, filles de l'autre, en face de lui.

Par exemple, lors d'une leçon sur le respect que l'on doit apporter à son corps, il me souvient de lui avoir entendu émettre cette formule percutante :

" Les enfants, quand on se déshabille, le soir, faut pas montrer son cul. Le Bon Dieu n'aime pas çà ! "

A suivre

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Commentaires
J
« Quand, pour terminer, on avait chanté le " Domine, salvam fac directam francorum gentem " (qui était un appel au Seigneur pour qu'il éclaire les dirigeants du pays) » : de toute évidence cela n'a pas suffit et, de nos jours, l’espoir d'amélioration de nos gouvernants est vain puisqu'il n'y a plus de messes...
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Union des Ecrivains Vosgiens
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