Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Union des Ecrivains Vosgiens
12 mai 2021

Lire «La Supplication» de Svetlana Alexievitch

Reportée à 22 h après l'émission spéciale Mai 68

 

Lire «La Supplication» de Svetlana Alexievitch

Message de la Terre-Mère aux Sélénites radioactifs

 

Ce MERCREDI 12 MAI sur RGM  , à 22 h Vivre et Créer à la Montagne Magazine culturel,

A écouter sur :

107 mz,   dans la zone d'écoute de Remiremont

- soit par radioline sur internet Radio Gué Mozot RGM

- soit par le lien suivant 

http://rgm.vosges.io:8000/rgm.mp3   ( Attention : ce lien est souvent instable et demande à être réactivé plusieurs fois en cours d'écoute )

 -à partir de lundi, en pod cast sur la page Face Book de Radio Gué Mozot Vivre et Créer à la montagne

 -en pod cast sur la page Face Book de Radio Gué Mozot Vivre et Créer à la montagne Archives 

- et plus sim^plement par le lien  suivant : https://we.tl/t-MejUm3pFW5

 

Lire et entendre «La Supplication» de Svetlana Alexievitch

message de la Terre Mère aux sélénites radioactifs

 

129099527

 

 Voir lien

 

Un__v_nement_symbolique_de_dimension_mondial2

 

Un grand coup de chapeau et mille mercis à Yumi Célia, André Larivière, Bruno Boussagol, les maîtres d’œuvre d’une aventure exceptionnelle avec la lecture en 15 pays à travers le monde, les 25 et 26 avril dernier, du prologue de « La supplication » de Svetlana Alexievitch. Svetlana Alexievitch, c’est l’écrivaine journaliste russe, puis biélorusse, exilée en Allemagne, prix Nobel de Littérature en 2015, qui s’est  ponctuellement défaite de ses droits d’autrice en cette commémoration des 35 ans de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

 

Nous sommes au salon des Sélénites, quelque part sur le plateau lorrain. Notre trio de lecture musicale improvisée avec Amélie Armao et Hélène Schneider prenait son envol. C’était dur… pendant un temps c’est comme si je tenais le texte à distance, tellement il est puissant, ce texte, tellement il est chargé. Et puis... il m’a happé.

Nous nous connaissions à peine, et la complicité entre nous avait été immédiate, au fameux concert d’HK à Épinal : on se produirait ensemble, dans un genre de performance improvisée chez Cunégonde, en dépit du couvre-feu et du périmètre de sécurité! Au lieu de nous attribuer des passages respectifs, Amélie m’a proposé une lecture en écho, avec des mots répercutés par endroit, en se « passant » le texte à l’instinct. On était forcément impressionnées par ce qu’on avait lu, ce dont nous étions désormais dépositaires, et qu’il nous fallait transmettre. Hélène avait annoté le tapuscrit : quelque phrase musicale en résonance avec le texte, un effet de bruitage en touche légère -frottement de cordes, stridence ou profonde mélancolie, dissonance - laissant de longues plages de silence pour faire sonner, résonner le texte tremblé, pour délier le récit de nos voix conjointes, seules ou superposées… Elle clôturerait le récit à la viole de gambe, plus exactement au pardessus de viole avec "Lachrimae Antiquae" de John Dowland, et enfin au violoncelle avec Cant dell Ocells (le chant des oiseaux), un chant traditionnel catalan arrangé par Pablo Casals.

 

Nimbé de la lune rose presque à son apogée, Vauvau Mercurius irradie les Sélénites. La présence de Claude Vautrin, l’écrivain grand reporter qui publie « Baltique(s) » le même jour (!) a de quoi nous mettre encore plus les foies, mais son aura perce l’écran du serveur discord comme une vibration magnétique toute bienveillante… Octave De l’envers au Bois Sanglant, c’est le jeune étudiant en architecture du numérique qui s’est rangé à la régie pour la prise de son et le pilotage des vieux sélénites, mais il ne peut rien contre la faiblesse du réseau au fin fond de la Vôge ou dans la vaste plaine, qui privera par moment de son ou d’images certains invités comme  le plasticien Sébastien Montag : le voici enseveli dans les cartons de sa nouvelle expo «  en vitrine » qu’il installe le lendemain à la galerie d’art contemporain de St Dié, une initiative qui éclaire la route des passants privés de culture… et puis Atlas, un félin de la treizième lune aux surréalistes sélénites, et son ostéopathe viscéral Magma du Petzl au Karst, subitement disparus dans les profondeurs de la Terre et de nos écrans.

 

Côté musique au montage, vous avez sans doute reconnu les premières secondes de radioactivity, le tube daté de 1976 du groupe allemand Kraftwerk qui a révolutionné la musique électronique.  Si vous restez avec nous vous entendrez un classique de la chanson française incarné par le groupe Indochine en guise de trois coups. Peu après la lecture en guise d’intermède, Youva Gaudé nous partage une composition musicale personnelle, didg et beat-box, ce qu’il appelle un premier jet, réalisé en 2015 –  et au final un solo de didgeridoo dont il a le secret. Depuis Charleville-Mézières, le poète James Denis biberonné de Verlaine et de Rimbaud, évoquera au détour de l’histoire de sa vie, qu’il nous confie avec force émotions, la recrudescence de cancers de la thyroïde ou autres pathologies de cet organe du système endocrinien. D’autres sélénites se sont mis en mode « public » - ainsi un metteur en scène parisien introduit par notre conteuse Reine de Rambouille, elle aussi restée sur la touche « écoute », ou encore Aurore du Champ du Roi confinée avec ses acrostiches entre forêt Noire et lac de Constance.

 

Dionysos de Profundis s’est mis en orbite sur la super-lune de la soirée pour en témoigner : c’était à Saulxures-sur-Moselotte, au Bosquet de la Fraternité, près du monolithe érigé pour le bicentenaire de la Révolution française, au bord de l'étang des Fées. Accompagnées du violoniste Jean-Claude Luçon, sept femmes dans les Hautes-Vosges avaient lu la veille le prologue de « la Supplication ». En symbiose avec la Nature, sans public ni journalistes, sous l’égide d’Évelyne Defez, Raïssa Charton, Isabelle Arnoud, Catarina Osorio de Castro (qui a suscité une lecture au Portugal), Lulu Génin, Maguy Louis et Pascale Pfeiffer ont fait vibrer les pierres et l’étang. Amenant le début et la fin du prologue de La Supplication, la voix de Raïssa, biélorusse exilée en France, a résonné de vérité sur ce texte qu’elle avait d’abord découvert dans sa version russe. En effet en 1985 son premier mari, militaire réserviste, est envoyé sur les lieux six mois après le drame, dans un jeu de rotation du personnel. Comme d’autres liquidateurs, il a été chargé de décontaminer le site de la centrale nucléaire après l’explosion du réacteur atomique, et il a travaillé six mois durant dans cette petite ville fantôme au nord de l’Ukraine. Il n’est pas seulement malade des radiations mais aussi d’avoir vu dépérir et mourir nombre de ses collègues. Leur histoire est bien différente de celle du jeune couple de « La Supplication », mais comment Raïssa pourrait-elle oublier sa visite à son mari, par amour, sur les lieux irradiés et hautement radioactifs de Tchernobyl, un séjour d’une semaine avec leurs deux enfants. (  1 )

 

Il y a Pif de La Roche du Soir parmi des citoyens antinucléaires convaincus : c’est Pierre Fetet qui présente un dossier technique d’une dizaine de pages, en prologue à « Fukushima :chronique d’un accident sans fin ». La BD de Roger Vidal et Bertrand Galic est parue début mars, dix ans après l’accident nucléaire japonais, confirmant à quel point la menace nucléaire pèse en continu sur l’humanité. Autre sélénite : ce dinosaure vosgien du militantisme, Jean-Luc Tonnerieux qui vient d’organiseravec « Vosges Alternative au Nucléaire » deux lectures sur la Place des Vosges et à la librairie « Le quai des mots » à Épinal, pour un public clairsemé fait de deux ou trois militants. A ses côtés,Edwarda Trosalie de la Sainte Courgette faisaitpartie de ce chœur de trois lectrices : Marie-Michèle Salomon, Mireille Géhin et Claire Scharschmidt. Précisons qu’en 2016 toujours avec le VAN le baron Tartempion Lerouge de la Commune avait invité à la salle des fêtes de Darnieulles la compagnie de Clermont-Ferrand Brut de Béton. Le texte nu, dépouillé de tout apparat, la comédienne Nathalie Vannereau interprétait avec maestria le prologue de « La Supplication ».

 

Nous l’avons fait, plus ou moins bien, sans filet, avec des incidences de salon, en faisant fi des consignes aussi : nous l’avons dit cet indicible, comme 250 lectrices l’ont dit presque simultanément dans 15 pays du monde, en 125 lectures et en 10 langues différentes, sur l’idée originale de Bruno Boussagol, le metteur en scène underground et subversif qui avait régalé les Sélénites en février dernier. ( Retrouvez Brio La Déboussol Plein feux sur la rampe- mariepascale.fr ).

Alors comme tant d’autres nous avons pleuré en creux. C’est gravé dans nos cœurs, la marque d’une tension vers l’impensable plaie de l’humanité. Un silence de plomb et de cristal accueillit notre lecture, un temps de transformation intérieure peut-être, un temps de communion avec les enfants de Tchernobyl.

 

Car Tchernobyl, avec tout le déni qui l’entoure comme un nuage statique d’enfumade politique quand il s’agit de nier les malformations de naissance, les morts et les maladies, Tchernobyl est un drame qui dure et perdure. Dans les régions les plus touchées par le nuage radioactif, les populations restent contaminées par le Césium 137, cet élément radioactif qui n’existe pas à l’état naturel. Et les gigantesques incendies de forêt amenés par le réchauffement climatique amplifient la radioactivité.

 

 

Marie Pascale Gaudé- retransmission sélénites d’Avril le mercredi 12  mai à 21h et en podcast lien sur la page fb de Radio Gué Mozot.

Rendez-vous le 26 mai 21 h sur discord pour celles et ceux qui le souhaitent, avec mise au point la veille, 24h avant, le 25 mai à 21 h, pour les détails techniques!
... jusqu'à la Lune!
 
Marie Pascale
 
PS: Un survol des sélénites est toujours possible en attendant ma dernière chronique (j'ai dû laisser refroidir le moteur) 

 

 

( 1 ) Note de Vincent Decombis ( Dyonisos de Profundis.... )

 Une erreur regrettable  sur le terme « victime »de Tchernobyl  concernant le premier mari de Raïssa , erreur que j’ai induite, a fait penser qu’il était décédé . Il n’est « que » malade des radiations et heureusement en vie . Toutes mes  plus vives excuses à Raïssa et à tous ses proches, ainsi qu’aux auditeurs et lecteurs de cette Sélénite si prenante

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Union des Ecrivains Vosgiens
Publicité
Archives
Publicité