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Union des Ecrivains Vosgiens
13 avril 2021

BERNARD VISSE : TRISTES CIMETIERES

Tristes cimetières.- Nous voyons régulièrement paraître des informations sur des « procédures de tombes en déshérence » dans nos cimetières. En général, la municipalité qui conduit cette opération affiche la liste des tombes concernées à l’entrée et sur le panneau de la mairie. Les familles sont invitées à une rencontre qui précise les principes de cette procédure et les modalités pour conserver leurs tombes. Elles sont incitées à réaliser les travaux de nettoyage et d’entretien afin d’éviter l’enclenchement de la procédure officielle qui aboutit à la reprise définitive de la tombe au bout de trois ans. Un procès-verbal constate, le cas échéant, l’absence des familles à cette rencontre et les défauts de chaque tombe : c’est le point de départ de la procédure administrative de reprise. Bien sûr, cette démarche des mairies est légitime. Les questions qui se posent (abandon de tombes, risques pour la sécurité, manque de place…) sont nombreuses et méritent évidemment une réponse appropriée.
L’art funéraire est un art
Mais comme toujours, il y aurait lieu de faire preuve de discernement. Pour qui fréquente les cimetières, ces lieux sont chargés d’histoire (de la grande et de nombreuses plus petites) et de souvenirs, ils renferment bien souvent des œuvres d’art. L’art funéraire est, d’évidence, un art à protéger, à conserver, comme tous les autres. Les sculpteurs qui l’ont illustré au cours des siècles précédents méritent toute notre attention aujourd’hui. De nombreux noms, parfois restés dans les mémoires, signent des tombeaux souvent remarquables. Citons Gabriel Ailloud de Charmes, les Aubert de Rambervillers, les Antoine de Saint-Dié, les Barotte de Bruyères, les Bayenet d’Epinal, les Chambré de Neufchâteau, les Cochinaire de Nancy, Colin d’Epinal, Cuny-Mangin de Lunéville, Fombaron de Bains-les-Bains (ami d’Emile Friant), François Hugot d’Epinal, Jacomot de Magnières, Alexandre Joly de Ménarmont, Krumeich de Jeanménil, Lallemant de Rambervillers, Jules Marchal de Rambervillers, Victor Martin de Charmes, les Mazurier de Remiremont, Risquet de Moriville, Jean-Claude Roger de Rambervillers, Joseph Sevrain de Remiremont, Joseph Vartier de Rambervillers… Parfois, des architectes ont participé à l’élévation de chapelles, ainsi que des maîtres verriers (Jacques Grüber), des ferronniers d’art (Eugène Forget de Rambervillers, Paul Miette de Saint-Dié, Jean Prouvé de Nancy…)… Cette liste est très incomplète et mériterait un travail beaucoup plus approfondi.
Les cimetières perdent leur âme
Outre ces considérations purement « esthétiques », il y aurait lieu en effet de s’interroger également sur l’aspect mémoriel de certaines personnalités qui reposent dans ces enceintes, coupées de toute famille désormais. Il serait urgent que les maires qui décident de ces travaux ne se comportent pas en Attila des cimetières et ne transforment pas ces « champs de mémoire » en vulgaires alignements de « monuments » de granite-formica. Sans doute faut-il consacrer un petit budget de la collectivité pour entretenir quelques tombes plus remarquables que d’autres. Sans doute peut-on, comme on le voit quelquefois, rassembler des croix remarquables autour du chevet de l’église… Sans doute peut-on aussi, comme à Épinal, revendre les anciennes tombes à de bientôt mourants... Il serait dommage, vraiment, que dans nos communes les cimetières perdent définitivement leur âme.
Peut être un gros plan de plein air
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