8 mars 2021
ODILE KENNEL / AU FEMININ ,ET : ELLE OREND RACINE ....
Elle prend racine, arbre et pomme, lierre et gui. Respectant la prescription de silence et de confinement total, dans la stricte observance les légendes au pied de la lettre, au pied du grand frêne au bord de sa route, celui qui sera bientôt abattu : racines trop profondes, légère inclinaison du tronc, non-alignement, creux dans l’écorce où se cachent des ailes interdites et des ombres possibles, feuilles sur lesquelles beaucoup trop de livres s’écrivent, anarchie de la croissance et multiplication incontrôlée.
Punie quand même, comme l’arbre. Châtiée dans son langage corporel, condamnée à l’immobilité et au silence des départs. Condamnée à voir sa main gauche colonisée par des fêtes clinquantes obligatoires. Expurgée de tout, pour avoir marché au hasard jusqu’aux inaccessibles. Pour s’être sentie autorisée à bayer aux étoiles, s’être crue libre. Pire : pour l’avoir été, parfois. Il ne fallait surtout pas que ça s’ébruite ; plus tard, on mettrait le feu à cette forêt gênante et aux sorcières qui s’obstineraient encore à l’habiter. On éradiquerait systématiquement les épines et les ronces arcboutées, tout ce qui dérangerait, tout ce qui entraverait la course sans fin, les taillis et les maquis de résistance sauvage.
Plus loin, plus tard, on détruirait les embâcles sur les ruisseaux pour rendre les marécages aux parkings bétonnés, seuls à avoir droit de cité.
Elle fait désormais partie intégrante de la ressource, comme ils disent.
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