JEAN CLAUDE VORGY : les gens courent !

LES GENS COURENT

Partout et toujours

Les gens courent, les gens courent

Seraient-ils en retard

Pour je ne sais quel départ

Ou s'en vont-ils chercher

Un Eldorado caché

Un trésor enfoui dans

Les vagues du temps

Aveugles et sourds

A tout ce qui les entoure

Ils ne prennent pas le temps

De jouir du printemps

D’écouter les chansons

Venues des quatre saisons

De se sentir vivants

Au souffle du vent.

Mais se poser, s’allonger sous le ciel

Fermer les yeux sentir le soleil

Et s’oublier loin de l’effervescence

Dans la douceur de l’existence

La démarche empressée

L’agenda saturé

Les « Je n’ai pas le temps »

« Désolé on m’attend »

Tyrannie de la montre

Qui tue les vraies rencontres

Fatale allégeance

Au règne de l’urgence

Il y a dans l’ivresse

De cette folle vitesse

Le signe, l’aurore

D’une violence qui dort

Désir de puissance

Où l’ego mène la danse

Tout faire vite et mieux

En tutoyant les dieux

Mais se poser, s’allonger sous le ciel

S’abandonner à l’essentiel

En célébrant dans cette apesanteur

Les bienfaits de la lenteur

Partout et toujours

Les gens courent, les gens courent

Voudraient-ils de ce pas

Précipiter leur trépas

Ou plutôt se duper

De pouvoir en réchapper

En rejetant

L’évidence du temps

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