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Union des Ecrivains Vosgiens
5 janvier 2021

JANUSII

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Imago mundi 
Janus
Janus est un des dieux les plus anciens et les plus caractéristiques de la religion romaine, un de ceux qui eurent le plus à souffrir de l'invasion des idées grecques et que l'on trouve d'autant plus honoré qu'on remonte davantage dans l'histoire de Rome. C'est le dieu qui présidait au commencement, au début de toutes choses. Aussi lui consacra-t-on le premier mois de l'année, et lui offrait-on les premières libations dans les fêtes des dieux. On le faisait présider au point du jour, sous le nom de Pater Matutinus. Il est généralement représenté avec un double visage, sous les apparences d'un homme âgé et barbu.
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L'origine de son nom est incertaine. Cicéron la cherche dans le verbe ire. D'autres préfèrent le radical div (dividere) et supposent que la première forme du nom était Divanus. Une troisième hypothèse envisage une forme Jana, parfois employée pour Diana, dont la racine dius ou dium évoquerait l'idée de jour, de lumière ou de ciel lumineux. On a aussi fait remonter l'étymologie de son nom au sanscritjan, qui implique l'idée de génération et de paternité. 
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Plusieurs indianistes ont même pu pouvoir identifier Janus avec Ganesh, dieu hindou. Outre le rapport de consonance dans les deux nom, l'un et l'autre sont revêtus de fonctions analogues; en Inde comme dans le Latium, ils sont adorés sur toutes les routes, et placés honorablement sur tous les seuils; ils gardent le passage des dieux; ils président au calcul et par là au calendrier; et si Janus a simultanément deux têtes, Ganesh en a également deux, mais successives (une tête d'humain puis une tête d'éléphant...).

Moins hasardeux est sans doute le rapprochement de Janus avec le dieu étrusque Than. Chez les anciens Etrusques, Than l'un des dieux suprêmes, était surtout regardé comme dieu des augures, qui, avant de commencer leurs opérations divinatoires, traçaient dans le ciel, avec le lituus, deux lignes perpendiculaires l'une à l'autre, et dont chaque extrémité était dirigée vers un des points cardinaux. De là viendrait peut-être alors l'usage de représenter Janus avec deux ou quatre faces, et de donner le même nombre de portes à ses temples. 

Quoi qu'il en soit, les attributions de Janus sont nombreuses et importantes. Et même si elles dérivent les unes des autres, elles donnent du dieu une image assez foisonnante, qui se retrouve déjà  dans la multiplicité des qualificatifs qu'on ajoute à son nom : Patulcius, celui qui ouvre; Clusius, celui qui ferme; Geminus, le double; Pater, le père; Consivus, celui qui favorise les productions de la nature; BelligerBifronsBicepsBiformisdeorum DeusJunoniusPatriciusQuadrifons, et même Quirinus

Les visages de Janus.
Il fut sans aucun doute, pour les Latins primitifs, le dieu du ciel lumineux, ce qui lui valut de devenir un dieu qui présidait également à la génération des choses, aux semences, aux naissances : de là son surnom de Consivius, dérivé du latinconserere. C'est en sa qualité de dieu des origines qu'il était invoqué comme le protecteur de tout commencement. Comme tel il ouvre donc aussi le ciel à la lumière. C'est lui  encore qui le ferme, ce qui lui confère sa qualité de portier céleste. Janus prend aussi tour à tour le caractère du dieu de la foudre, du firmament, de la terre et des eaux, ce qui lui valut les surnoms de Patulcius et de Clusius

Le Soleil étant le principal agent de la vie et de la production, la source de la chaleur qu'il entretient, Janus se confondait avec le Soleil, et à ce titre il présidait à l'année, c'est-à-dire au mouvement annuel de l'astre. Janus correspondait en effet chez les Étrusques et les premiers Latins au dieu-soleil des Sabins, et son culte semble s'être amalgamé avec le culte de celui-ci une fois que le dieu sabin eut été apporté à Rome
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C'est par une conclusion toute naturelle que lors de la constitution du calendrier romain on consacra à Janus, le premier mois; de là le nom de januarius (janvier) qui lui fut imposé. Et c'est encore pour le même motif que dans chaque mois, les Romains le préposaient aux calendes et pour chaque jour à la lumière naissante du matin. 

Ces mêmes éléments permettent  de comprendre que Janus ait été aussi le nom ancien de la constellation du Bouvier. Comme Janus présidait à l'ouverture de l'année, c'était l'âme du monde, l'esprit moteur du ciel, et le Bouvier est une constellation qui se lève à minuit au solstice d'hiver. Le Bouvier porte comme Janus le bâton, la baguette ou le sceptre, et la faux des moissons.

En tant que dieu de la génération et de la naissance, Janus était aussi le dieu qui ouvrait les portes de la vie. De même en l'unissant à Juturna et en faisant naître de cette union le dieu Fontus, on lui faisait honneur du jaillissement premier, au sein de la terre, des eaux-vives et potables fontes.

Janus est le dieu de tous les seuils, de tous les passages, de toutes les portes, et d'abord des portes publiques (jani), sous lesquelles passaient les routes. Il est par le fait même celui des départs et des retours, et par extension celui de toutes les voies de communication. Sous le nom de Portunus, il est considéré comme le dieu des ports; et comme on voyage aussi bien par eau que par terre, il passe pour avoir inventé la navigation. C'est aussi le dieu des portes privées, et, d'une façon plus générale, des ouvertures par lesquelles la lumière pénètre dans les maisons, comme Vesta est la déesse du feu qui brûle sur le foyer, comme les Pénates sont les pourvoyeurs du garde-manger. 
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Janus imberbe


Janus imberbe sur une monnaie romaine.
Au revers, Jupiter monté sur un quadrige.

Sa compagne était Cardea, la déesse qui personnifie les gonds (cardines) des portes. Ovide, dans les Fastes, définit en ces termes le ministère du dieu dans le gouvernement du monde :

" Tout ce que tu vois, le ciel, la mer, les nuages, les terres, ma main le ferme et l'ouvre tour à tour. Il possède tout seul la garde de l'immense univers; le pouvoir de faire rouler les gonds m'appartient sans partage."
Ajoutons que le nom et le culte de Janus se retrouvent encore à Rome avec le Janicule, colline que le roi Ancus Martius avait fortifiée pour protéger la navigation sur le Tibre et le débarcadère situé en face. C'est dans ce fait qu'il faut peut-être chercher l'explication de la proue de navire qui figure parfois sur les monnaies en même temps que la tête double du dieu (Janus à deux fronts, Janus Bifrons, Janus double, Janus Geminus); il fut le génie protecteur de la navigation commerciale à ses origines.

Considéré dans l'ensemble de ses attributions Janus offre ainsi une assez grande analogie avec Apollon, comme lui dieu de la production et protecteur des portes, mais sans doute davantage encore, si l'on tient à chercher des analogues chez les Grecs, avec Hermès, lui aussi protecteur des seuils et des carrefours. Varron, dans son Essai d'exégèse de la mythologie romaine, identifie pour sa part Janus avec le monde [Saint AugustinDe Civitate Dei, VII, 9.]. D'autres mythographes ont vu dans ce dieu une image du chaos (Festus). On retrouve dans ces deux explications le caractère tellurique ou chthonien de la divinité étrusque

suite lien La_mythologie_de_Janus

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