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Union des Ecrivains Vosgiens
25 décembre 2020

NOEL : NATALIS SOLI INVICTI ! I

wikipedia
Noël
Noël
Le grand sapin de Noël de Strasbourg en 2014.
Le grand sapin de Noël de Strasbourg en 2014.

Nom officiel Nativité du Seigneur
Observé par
Type fête religieuse et culturelle
Signification
Date
Observances
  • messe et culte de Noël lorsqu'elle est fêtée religieusement par les chrétiens
  • distribution de cadeaux et repas de famille autour d'un sapin lorsqu'elle est fêtée traditionnellement
Lié à l'Avent.

Noël est la fête chrétienne qui célèbre la naissance de Jésus de Nazareth au moment du solstice d'hiver. Pour un grand nombre de personnes, Noël est une fête populaire déconnectée de son fondement religieux.

Instituée le 25 décembre au ive siècle et diffusée par la christianisation progressive de l'Europe et du bassin méditerranéen, cette fête de la Nativité prend peu à peu la place de différentes fêtes liées au solstice d'hiver (fête germanique de Yule, fête de MithraSaturnales romaines, etc.). Le Christ étant présenté comme le « soleil de justice » d'une nouvelle ère, sa naissance ouvre l'année liturgique chrétienne lors d'une messe de minuit ritualisée.

Le récit évangélique de la naissance de Jésus sert de base pendant des siècles à une grande richesse artistique (peinture, sculpture, musique, littérature) que renforce la diffusion populaire de la crèche au xiiie siècle, mais les ferments d'autres traditions liées au solstice ne disparaissent pas totalement. C'est ainsi que le sapin germano-nordique, signe d'une nature vivante malgré l'hiver, est honoré à partir du xvie siècle et gagne même les églises. Le sapin de Noël s'imposera comme symbole de la période des fêtes de fin d'année parallèlement à la déchristianisation de l'Europe à l'époque moderne.

La tradition du père Noël qui se mondialise au xxe siècle complétera cette évolution qui a ajouté une dimension profane à la fête chrétienne, plus orientée vers les enfants, les familles et des cadeaux.

Aujourd'hui, la fête de Noël s'est fortement sécularisée et n'est plus nécessairement célébrée comme une fête religieuse. Le jour de Noël est férié dans de nombreux pays, ce qui permet le regroupement familial autour d'un repas festif et l'échange de cadeaux. Le second jour de Noël (26 décembre) est également un jour férié dans plusieurs pays du nord de l'Europe (Pologne, Royaume-Uni, Pays-Bas, pays scandinaves) ainsi qu'en France, dans les trois départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle1. Cela permet également la participation aux messes de Noël pour ceux qui célèbrent la fête sous sa forme religieuse. Après Pâques, Noël est en effet la deuxième fête la plus importante du calendrier liturgique chrétien (la Nativité du Seigneur est une des Douze Grandes Fêtes). Noël est une des trois Nativités célébrées par l'Église catholique, les deux autres étant celle de Jean le Baptiste, le 24 juin, et celle de Marie, le 8 septembre2.

La période entourant Noël est appelée « temps des fêtes » au Canada francophone et « fêtes de fin d'année » (ou plus simplement « les fêtes ») en Europe quand on y inclut les célébrations du Nouvel An3[source insuffisante]. Depuis le milieu du xxe siècle, cette période perd son aspect chrétien tout en maintenant vivante la tradition de la fête. Dans cet esprit, Noël prend une connotation folklorique, conservant le regroupement des cellules familiales autour d'un repas et l'échange de cadeaux autour du sapin traditionnel. Hors des foyers elle donne lieu à l'illumination des rues, maisons et magasins et à l'organisation de marchés de Noël. C'est également une période importante sur le plan commercial.

La Nativité, huile sur toile de Jean-Baptiste Marie Pierre (1763, collection privée).

Le mot Noël est attesté dès le xiie siècle4,5. D'après le Trésor de la langue française informatisé5, ses deux plus anciennes occurrences connues se trouvent, l'une (Noel) dans le Comput de Philippe de Thaon, daté de 1113 ou 11196 ; et l'autre (Naël) dans le Voyage de saint Brendan de Benedeit7, daté du premier quart du xiie siècle8,9.

Le mot Noël partage la même étymologie que le terme équivalent dans la plupart des grandes langues romanes (italien natale ; occitan nadalnadau ; catalan nadal ; portugais natal)Notes 1, ainsi qu'avec les langues celtiques, à savoir, l'adjectif latin natalis signifiant « de naissance, relatif à la naissance » (de natus « né »), d'abord associé au mot latin dies « jour » dans la locution natalis dies « jour de naissance » réduite à natalis par substantivation de cet adjectif en [natále(m)], utilisé en latin ecclésiastique pour désigner la Nativité du Christ.

Ensuite [natále(m)] va subir une évolution phonétique avec la chute du [e] final, l'allongement et la palatalisation du [a] tonique non entravé, puis lénition (sonorisation) en [d] du [t] intervocalique (d’où le provençal Nadal), fricatisation en [đ] puis amuïssement, donnant la forme Nael. Dans cette position le [a] prétonique aurait dû s’affaiblir en e muet mais, dans un mot du vocabulaire religieux, soumis à des influences savantes, il y a eu effort pour le maintenir et, par dissimilation, il a abouti à [o]. Autrement dit, l’o de Noel, en face de Nael, est lié à la dissimilation des deux a de natal-10, d'abord devenu *nadal (cf. occitan Nadau, Nadal, catalan Nadal « Noël »), ensuite *nathal, puis *naal, après la lénition de la consonne intervocalique [t], qui s'est finalement totalement amuïe en langue d’oïl11 (tout comme dans NATIVU > naïfdoublet de natif, emprunt savant, également MUTARE > muer, dérivé savant mutationMATURUmûr, savant matureetc.). Il existe un cas parallèle jusqu'au stade du moyen français, à savoir celui du verbe noer signifiant « nager ». Dans la plupart des langues romanes, le latin natare (cf. natation) a donné l'espagnol, catalan et portugais nadar « nager », etc., alors qu'une forme notare a donné l'ancien français noer « nager » (morvandiau nouer, normand occidental nouer cf. Nouel « Noël »)12.

C'est la seule étymologie admise aujourd'hui par les linguistes et les lexicographesNote 1.

En français standardNoël se prononce prononcé en français : [nɔɛl] et le tréma sur le e : ë, apparu en 1718, note la diérèse5,13. Les prononciations dialectales prononcé en français : [nwεl] et prononcé en français : [nwal] sont attestées5.

Nom propre14 de la fête chrétienne de la nativité du Christ, Noël prend une majuscule à l'initiale4,5, majuscule qu'il conserve au pluriel14. Le substantif Noël est masculin4,5 ; mais, probablement5,14 par ellipse de fête de4, il est féminin lorsqu'il est employé avec l'article défini singulier14,15 : la, et sans épithète14,15 ni complément15.

Les langues celtiques possèdent un terme issu d'un étymon commun, comme le français et d'autres langues romanes, c'est-à-dire le latin natalis également, ce qui donne en brittonique : le cornique Nadelik, le gallois Nadolig et le breton Nedeleg (cf. patronyme Nédélec), sur un radical commun *Nadal-, avec lénition [t] > [d], suivi d'un suffixe brittonique. Le gaélique (irlandais et écossais) possède une forme Nollaig, dans laquelle l'amuïssement de l'intervocalique s'est effectué de la même manière qu'en français.

En revanche, les langues germaniques recourent à divers étymons pour désigner cette fête. L'anglais Christmas16 remonte à un vieil anglais attesté tardivement crīstes mæsse17, l'ancien anglais mæsse ayant selon le site Oxford living Dictionaries édité par Oxford University Press sens de « célébration ». En allemandNoël se dit Weihnachten18 et repose sur un ancien datif pluriel dans l'expression en vieux haut allemand ze wîhen nachten « dans les nuits sacrées », d'où wîhennachten > Weihnachten qui date de l'époque du paganisme germanique19, où l'on organisait des fêtes sacrées les nuits d'hiver autour du solstice. On trouve cette même transposition d'une fête païenne à une fête chrétienne chez les peuples scandinaves dans le terme qui signifie Noël : islandais jól, norvégien, suédois, danois jul. Le même étymon proto-germanique *jehwlą a donné le vieil anglais ġeohol, ġēol, d'où l'anglais yule. L'ancien français jolif « gai, joyeux, plaisant, sensuel, élégant »> joli représente un dérivé de jól à l'aide du suffixe -if20.

De sorte que, même si l'origine ultime du mot français Noël est effectivement liée au concept de la « renaissance » du soleil lors du solstice d'hiver, cette étymologie n'est due ni au celtique, ni au germanique, mais bien au latin. Elle provient sans doute de la fête de la Nativité du Christ, dans laquelle le natalis lié au culte romain du Sol Invictus (la fête officielle du dies natalis solis invicti, « jour de la naissance du soleil invaincu ») est extrait de son contexte païen pour prendre une signification chrétienne.

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