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Union des Ecrivains Vosgiens
3 décembre 2020

DIOGENE ET LE CYNISME

Diogène de Sinope
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Naissance 413 av. J.-C.
Sinope
Décès 327 av. J.-C. (à 86 ans)
Corinthe
École/tradition Cynisme
Principaux intérêts Ascèseéthique
Influencé par AntisthèneSocrate
A influencé CratèsCyniquesStoïciensKierkegaardNietzscheFoucaultCioran

Diogène de Sinope, en grec ancien Διογένης ὁ Σινωπεύς / Diogénês ho Sinopeús, également appelé Diogène le cynique, est un philosophe grec de l'Antiquité et le plus célèbre représentant de l'école cynique (Sinope v. 413 – Corinthe, v. 327 av. J.-C.). Il est contemporain de Philippe II de Macédoine, qui le fit prisonnier après la bataille de Chéronée, et de son fils Alexandre.

Disciple de Xéniade et d'Antisthène, il devient le maître, entre autres, de Monime. Parmi tous les auteurs cyniques, c'est sur Diogène que la légende a accumulé le plus d'anecdotes et de mots d’esprit, issus notamment de l'ouvrage de Diogène Laërce Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres qui relève du genre littéraire de la chrie1, cette foison rendant leur authenticité douteuse. Les portraits de Diogène qui nous ont été transmis divergent parfois, le présentant tantôt comme un philosophe, débauché, hédoniste et irréligieux, tantôt comme un ascète sévère, volontaire, voire héroïque2.

La masse d'anecdotes légendaires sur Diogène de Sinope montre en tout cas que le personnage a profondément marqué les Athéniens. Il vivait dehors, dans le dénuement, vêtu d'un simple manteau, muni d'un bâton, d'une besace et d'une écuelle. Dénonçant l'artifice des conventions sociales, il préconisait en effet une vie simple, plus proche de la nature, et se contentait d'une grande jarre couchée sur le flanc — en grec pithos — pour dormir.

Diogène avait l'art de l'invective et de la parole mordante. Il semble qu'il ne se privait pas de critiquer ouvertement les grands hommes et les autres philosophes de son temps (parmi lesquels Platon). Les apostrophes les plus connues qui lui sont attribuées sont :

  • « Je cherche un homme » - (voulant dire un homme vrai, bon et sage), phrase qu'il lançait à ses concitoyens interloqués en parcourant les rues, brandissant sa lanterne allumée en plein jour et qu'il approchait du visage des passants.
  • « Ôte-toi de mon soleil » - (réplique cinglante à Alexandre le Grand, roi de Macédoine, qui était aimablement venu le voir et qui lui demandait s'il avait besoin de quelque chose, s'il pouvait l'aider en quoi que ce soit... - Oui, ôte-toi de mon soleil, répliqua Diogène.

Biographie

Diogène (Diogenes) par John William Waterhouse, 1882, Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud (Sydney). L'artiste a représenté la lanterne, le pithos et les oignons dont le philosophe se nourrit

Diogène est le fils d'Ikésios, banquier de Sinope. Selon une tradition qui remonte à Dioclès de Magnésie, à la suite d'une accusation de fabrication de fausse monnaie3, son père aurait été jeté en prison et Diogène contraint de fuir à Athènes. Selon d'autres récits, ils auraient fui tous les deux. Dion de Pruse explique dans son VIIIe Discours que Diogène en arrivant à Athènes s’attacha à Antisthène, non par sympathie mais pour son message philosophique et sa franchise, et que l'on pouvait le retrouver tantôt dans la première ville, tantôt dans l’autre. Diogène fut donc le disciple le plus célèbre d'Antisthène, fondateur de l'école cynique. Toutefois, la question reste encore disputée de savoir si Diogène fut réellement le disciple d'Antisthène, mais il ne fait aucun doute que c'est à Athènes qu'il prit l'accoutrement et qu'il pratiqua le mode de vie caractéristiques des Cyniques4. Il lui survécut et ne vit pas d'utilité à se trouver un autre maître.

Selon Sénèque, confirmé par Juvénal, admiratif, et par Lucien de Samosate, moqueur, il vit vêtu d'un manteau grossier, le tribôn, va pieds nus, dort non pas dans un tonneau mais dans un pithos, c'est-à-dire une jarre de grande taille5, ne possédant rien d'autre qu'un bâton et une lanterne et ne subsistant que grâce aux contributions de ses auditeurs ou mécènes. Conformément à l'enseignement de son maître, il désirait vivre et se présentait comme un chien — kunos, génitif de kuôn, terme qui signifie « chien » en grec ancien (cf. latin canis) —, d'où son autre surnom : Diogène le Chien6.

Plusieurs anecdotes témoignent de son mépris des richesses et des conventions sociales. Selon Diogène Laërce, il n'hésitait pas à mendier auprès des statues afin de « s'habituer au refus ». Il abandonna son écuelle après avoir vu un enfant buvant à la fontaine dans ses mains. Lorsqu'on l'interrogea sur la manière d'éviter la tentation de la chair, Diogène aurait répondu « en se masturbant », et aurait ajouté : « Plût au ciel qu'il suffît aussi de se frotter le ventre pour ne plus avoir faim ! »

On l'aurait également vu parcourir les rues d'Athènes en plein jour, une lanterne à la main, déclarant à ceux qui lui demandaient ce qu'il faisait : « Je cherche un homme7. » (parfois traduit « Je cherche l'homme » ou « Je cherche un vrai homme »). Cet « homme » désignerait celui théorisé par Platon, l'idéal de l'humain, et Diogène aurait voulu par là réfuter son existence, ne voyant exister que des hommes concrets. Une autre anecdote rapporte que, Platon ayant défini l'homme comme un « bipède sans cornes et sans plumes », le jour suivant, Diogène se promena dans la ville en tenant à la main un coq déplumé aux ergots coupés, et déclarant : « Voici l'homme de Platon ! »

Diogène a d'abord vécu en homme libre mais, alors qu'il se dirigeait vers Égine en bateau, ce dernier fut pris par des pirates. Mis en vente comme esclave à Corinthe, il déclare au marchand qui lui demande ce qu'il sait faire qu'il sait « gouverner les hommes », et qu'il faut donc le vendre à quelqu'un qui cherche un maître. Il est acheté par un riche Corinthien qui admire son indépendance d'esprit, et lui rend la liberté.

La rencontre de Diogène et d'Alexandre. Bas-relief de Puget, v. 1689, Musée du Louvre.
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