GOETHE II
Pourquoi lire Goethe aujourd'hui ? Pour répondre à cette question, La Compagnie des oeuvres vous propose dans cette émission un tour d'horizon de plus de cinquante années d'écriture, au cours desquelles Goethe aura expérimenté tous les genres, tous les styles, toutes les audaces.
La Compagnie des oeuvres vous propose son traditionnel panorama d'une oeuvre, en l'occurrence celle de Goethe, en compagnie ce mardi de Claude Roëls, ancien professeur de philosophie et traducteur. Il a notamment édité la correspondance de Goethe avec le poète et dramaturge allemand Schiller (2 vol., Gallimard, 1994) ainsi que les Entretiens de Goethe avec Eckerman (Gallimard, 1988).
A l'en croire, c'est une lecture « vivifiante » que celle de Goethe, à l'opposé des préjugés dont on a pu l'accabler. L'écriture de Goethe, pour qui sait la lire, ne justifie ni les accusations d'ennui, de sévérité ou d'intellectualité excessive portées contre elle, accusations qui paraissent, au contraire, un comble au regard d'une oeuvre qui se singularise par son étonnante diversité : de registres, de formes et dans le choix des sujets traités.
Bien plus, le remède à cet ennui qu'on pourrait associer mécaniquement à Goethe pour se dispenser de le lire est peut-être justement à trouver dans Goethe lui-même, le premier à se méfier d'une culture excessivement livresque et érudite, qui donne des « jeunes sans jeunesse » ou d'austères savants en voie de dessèchement. Par la fécondité de son imagination ou son talent de conteur, Goethe a su au contraire incarner sans sécheresse une forme superlative d'érudition, qui fit dire à Nietzsche qu'il était un « être intégral » ou encore « une culture » ; comprendre : une culture à lui tout seul.
De fait, Goethe accède rapidement au statut de figure centrale, non seulement de la littérature allemande, mais aussi de la littérature européenne dans son ensemble. S'il fait figure de créateur de la poésie lyrique de langue allemande, de précurseur du Romantisme avec son Werther, d'étape clé dans l'histoire du roman moderne avec Wilhelm Meister, ses deux Faust ont par ailleurs définitivement établi son statut de dramaturge.
Protéiforme et par là tendentiellement sujette à une forme de dispersion, son oeuvre gravite néanmoins autour de quelques grands thèmes. Celui de l'artiste par exemple, un statut revendiqué par Goethe contre la philosophie spéculative d'un Kant ou d'un Hegel, qui lui semblent souvent trop abstraites. Le thème de la Nature également, dont la grandeur le fascine et qui excite autant sa verve poétique que sa curiosité de scientifique.
Condition de l'artiste, exaltation scientifique ou lyrique de la Nature, amours, politique et histoire, forment quelques uns des principaux maillons de l'oeuvre de Goethe, de Werther à Wilhelm Meister, une oeuvre où, de bout en bout, voyage rima avec apprentissage.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)