JEAN CLAUDE VORGY : L’AUTHENTIQUE, PAS L’TOUT EN TOC

Jean Claude Vorgy

 

L’AUTHENTIQUE, PAS L’TOUT EN TOC

J’ai écrit des chansons

Pour mon frère, pour ma sœur,

Mon grand-père maçon,

Mon oncle équarrisseur,

Ma marraine acariâtre

Et son clébard teigneux,

Et son mari psychiatre

Et ses enfants pas mieux,

Tout ça m’a donné

-L’intention était gentille –

D’être élu chanteur de l’année

Par les membres de ma famille

Lancé sur orbite

Je me suis dit en chemin:

« Ce talent qui t’habite

Est à prendre à pleines mains »

J’ai avalé des dictionnaires

Des formulaires et des grammaires,

Pour m’attirer les faveurs

De la muse des écriveurs,

Et comme j’ai travaillé

Dare-dare et d’arrache pied,

J’ai raflé l’grand prix d’la scarole

Dans un important comice agricole

Jugeant que mon style

Sentait trop la pomme de terre,

J’ai pensé que l’air de la ville

Pourrait m’être salutaire,

J’ai rencontré à Epinal

Un groupe extraordinaire

Qui faisait du métal

Mais dans le genre Yvette Horner

Je n’ai pas de façon notable

Amélioré mon Rock’n’roll,

Mais je suis devenu incollable

Sur la bière et les herbes folles.

Il est parfois des formations

Sympathiques et inattendues

Qui, sans en avoir l’intention,

Vous transforment un individu.

Depuis je chante à tous les vents,

Sous tous les ponts, sur tous les tons,

Même si on m’demande au couvent

J’vais pas cracher sur le cach’ton

C’que j’aime avant tout c’est chanter

Que ce soit de la valse ou du rock

Mais pas d’la variété avariée,

De l’authentique, pas du « tout en toc »