Pour nous accompagner tout au long de cette émission, nous sommes en compagnie de Marie-Hélène Boblet, Professeure de littérature française à l'Université de Normandie, auteure de « Ecriture et souci de soi : les journaux de Jean-Luc Lagarce » (HAL, 2010).
Elle nous présente le Journal de Jean-Luc Lagarce, paru de manière posthume aux Solitaires intempestifs, la maison d'édition qu'avait contribué à fonder le dramaturge. Publié en 2007, soit douze ans après la mort de Lagarce, cet imposant Journal participera à la postérité testamentaire d'un écrivain en quelque sorte maudit, méconnu de son vivant.
Marie-Hélène Boblet nous donne à comprendre les singularités de cette oeuvre qu'elle rapproche, audacieusement mais pertinemment, des Essais de Montaigne pour leur dimension introspective et pour leur contexte d'écriture : de la violence des Guerres de religion et de l'angoisse qu'elles charrient, Marie-Hélène Boblet rapproche la violence du XXème siècle et ses multiples guerres.
Un autre rapprochement nous est suggéré : Michel Foucault, dont la lecture oriente notre compréhension du Journal de Lagarce du côté des « aveux de la chair » ou d'une nosographie de la folie, des folies humaines. Ce que Foucault traitait en philosophe, comme la question de la sexualité et de sa répression, comme la question de l'instauration des normes et des pouvoirs qu'elles génèrent, Jean-Luc Lagarce les traitait en écrivain et en dramaturge.
Dans son Journal, protégé par la clôture de l'intimité, se donne à lire ce qu'il y avait peut-être de plus secret, ce qui ne devait rester accessible qu'à lui-même : une homosexualité quelquefois présentée sous un jour sordide, le SIDA qui le mine du dedans, ses pulsions morbides et violentes, une rage intérieure.
En milieu d'émission : la chronique de Nathalie Froloff, professeure en classes préparatoires au lycée Louis le Grand à Paris.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)