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Union des Ecrivains Vosgiens
12 novembre 2020

MARIE PASCALE GAUDE : GASTON POIRSON 1944 1945

Un enfant du pays prénommé Gaston

HAGÉCOURT: UN ENFANT DU PAYS PRÉNOMMÉ GASTON

En 1944, peu après le débarquement des Alliés en Normandie, qu’est-il donc arrivé à Gaston Poirson, l’enfant rebelle du pays à la destinée si cruelle? Et pourquoi son histoire a mis soixante-dix ans pour ressurgir parmi les habitants de cette petite commune de la plaine des Vosges aux cent vingt-quatre habitant.e.s ?

Gaston Poirson Gaston Poirson (24/04/25 - 27/04/45)

Au deuxième acte du confinement national, le monument aux morts est presque déserté: dépôt de gerbe en comité restreint, tandis que la célébration mobilise toutes les cloches de l’Église St-Hilaire. Le jour du Souvenir pour les Français qui ne sont pas revenus, l’armistice du 11 novembre 1918 commémore toutes les guerres du siècle le plus inhumain de toute l’histoire de l’humanité. A Hagécourt comme partout ailleurs en France, les drapeaux se lèvent mais les festivités sont en berne, le traditionnel vin d’honneur est remis aux Calendes Grecques.

Revenons en arrière, peu après la Libération, seconde guerre mondiale. On imagine le climat délétère, sur fond de dénonciations, soupçons, amours coupables, marché noir, collaborationnisme et retours de veste, vrais ou faux «héros», «déserteurs» vilipendés. On devine les sentiments de honte et de fierté, le chagrin des endeuillé·e·s, l’amertume et la jalousie sournoises, le syndrome du survivant, le soulagement d’en avoir fini et de redevenir pour de bon Français.e.s…

Un titi de campagne aux allures de Gavroche

«C’est quand même pas normal qu’il soit au monument aux morts, il n’a pas combattu». Voilà les commentaires d’époque qui fleurissaient dans la bouche de certain·e·s villageois.e.s, affleurant la minute de silence parmi les gerbes déposées au monument le jour du Souvenir. Aujourd’hui encore, des objections subsistent: «Ah oui, celui qui s’est fait descendre quand il revenait de jouer aux quilles!»

Gaston, c’est un gamin frondeur, un titi de campagne aux allures de Gavroche, né le 24 avril 1925 dans une famille de dix-sept enfants. Ses parents fabriquent des pièces pour violons. Son père, Charles Poirson, a rencontré Jeanne à Paris au cours de son compagnonnage. Installés à Hagécourt, le luthier fabrique des caissons de violon, et sa femme se charge du vernissage, puis les pièces sont apportées à Mirecourt. En 1943, c’est la France de Vichy. Au cours de l’Occupation par l’Allemagne nazie, dans son village bien au nord de la ligne de démarcation, Gaston vient d’avoir dix-huit ans. Il n’y a plus d’armée, le service militaire consiste à s’enrôler dans le STO, à moins d’être fusillé. Ce «service du travail obligatoire» réquisitionne et transfère de l’autre côté de la frontière des centaines de milliers de travailleurs français afin de participer à l’effort de guerre allemand.

Planqué à la source Claudel

Des soldats allemands logent dans une maison vide qu’ils ont forcé à l’entrée d’Hagécourt. Réputés fêtards, ils ne dérangent guère la population. Leurs armes qu’ils déposent en croisillon chaque soir font rêver les gosses qui s’inventent le courage d’aller leur chiper. Gaston ne veut pas du STO. Il est porté disparu, avec un camarade qui lui survivra : Robert ou Jeannot ? Son identité à ce jour n’a jamais pu être confirmée. Ils se planquent en rêvant du maquis. Comme d’autres, ils ont eu vent de la Résistance qui s’est organisée à Grandrupt. Avec la complicité de certains villageois, Gaston dort dans un abri semblable à une cave : sur un terrain privé derrière l’école de filles, une descente élargie permet d’accéder à la source Claudel. Située en plein cœur du village, la source alimente deux de ses quatre lavoirs. Chaque jour, ses jeunes sœurs lui portent un repas dissimulé dans un pot de chambre. Plus d’un an a passé, quand les Alliés débarquent en Normandie le 6 juin 1944. Gaston baisse sa garde. Il parle haut.

- les Allemands je les emm

- cause moins fort.

L’ancien aiguilleur de train revenu de la guerre de 14-18, qui l’a pris en amitié, lui conseille de se faire tout petit. A la fin de l’été, ils ne sont toujours pas là, mais l’allégresse inspirée par la progression des Alliés donne des ailes au jeune homme. “Quand les Américains vont arriver, j’irai avec eux et on ira casser la gueule aux boches.”

Une flaque de sang sur la route, c’est tout    ...

 

Suite lien :

Gaston_Poirson

 

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