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Union des Ecrivains Vosgiens
12 novembre 2020

GASTON BACHELARD ET REMIREMONT

Biographie ( Wikipedia )

Immeuble situé rue de la Xavée et habité par Bachelard à Remiremont de 1903 à 1905.
"C'est à la Poste qu'il trouva l'expression du risque de la raison face à l'invention. Bachelard a édifié son œuvre pour penser l'improbable nouveauté qu'il a mise en mots sous la forme de la rupture, de la brisure, de la césure, de la coupure et de la fracture, entre la profusion des sentiments et celle des idées, entre les images et les mots. Ces mots et ces images sont nés à Remiremont1"
La carrière postale et la guerre
Façade peinte en hommage à Gaston Bachelard, à Bar-sur-Aube, sa ville natale.

Né le 27 juin 1884 à Bar-sur-Aube, sous le signe de la ruralité qu'il revendiquera jusqu'en Sorbonne et deux ans après l'institution de l'école républicaine laïque et gratuite, Gaston Bachelard eut un père cordonnier, Louis, Jean-Baptiste, Gaspard Bachelard, issu d'une lignée de cordonniers-bottiers, et une mère, d'abord sans profession, puis dépositaire de journaux et de tabac, Marie-Louise Philomène Bachelard, née Sanrey. Native du pays de Langres, elle appartient à un milieu de petits paysans et s'apparente par son père, Denis Sanrey, à Denis Diderot3.

Il entre au collège de Bar-sur-Aube en 18964. Comme la plupart des élèves issus de l'agriculture, du commerce et de l'artisanat, il suit la filière moderne et ne bénéficie pas du prestige des humanités. Il doit arrêter ses études, une fois le baccalauréat philosophie en poche, en dépit de l'excellence de son parcours. Trente-six ans plus tard, il fustigera, dans La Formation de l'esprit scientifique, ces cursus scolaires trop courts, véhiculant des vérités scolaires à courte vue, incapables de former en profondeur. Il énoncera le concept de formation tout au long de la vie5 , promis à un bel avenir6 . Il inventera même la formation continuée pour les scientifiques une décennie plus tard dans Le Rationalisme appliqué en considérant le savant comme un écolier7.

Il est d'abord répétiteur de 1902 à 1903 au collège de Sézanne. Mais il se détourne de l'enseignement jugé trop conservateur pour envisager une carrière dans la télégraphie. Littéraire de formation, il emprunte la voie technologique avant de se diriger vers les sciences et les mathématiques. Fasciné par les grandes découvertes de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle (radioactivité, mécaniques quantique et ondulatoire, Relativité, électromagnétisme et télégraphie sans fil), il décide d'éprouver la révolution télégraphique au quotidien en épousant une carrière postale. Il devient surnuméraire des Postes et Télégraphes à Remiremont de 1903 à 1905 et prépare un baccalauréat scientifique8 , tout en travaillant soixante heures par semaine et demeurant dans une petite chambre située au numéro 10 de la rue de la Xavée9. Loin d'être accidentelle, cette expérience qui dura plus d'une décennie s'inscrit dans la continuité d'une histoire et se révélera déterminante dans l'élaboration d'une pensée aussi originale que dynamique. Il nous en a laissé quelques traces visibles en examinant l'échelle des concepts liée au téléphone10, les profils épistémologiques appliqués à la notion de masse11 et l'histoire des découvertes12. Bachelard donnera une dimension technologique au savoir scientifique13. C'est aussi à la Poste qu'il trouva l'expression du risque de la raison face à l'invention. Bachelard a édifié son œuvre pour penser l'improbable nouveauté qu'il a mise en mots sous la forme de la rupture, de la brisure, de la césure, de la coupure et de la fracture, entre la profusion des sentiments et celle des idées, entre les images et les mots. Ces mots et ces images sont nés à Remiremont14.

À compter du 10 octobre 1905, il effectue son service militaire comme cavalier télégraphiste au 12e régiment de dragons de Pont-à-Mousson, il est brigadier en octobre 1906 et libéré le 12 août 1907 « certificat de bonne conduite accordé »15. Il poursuit alors sa carrière postale en devenant ambulant puis commis au bureau de la gare de l'Est à Paris jusqu'en 1909 et hors-cadre au central téléphonique de 1909 à 1913, tout en rêvant de devenir ingénieur des Postes et Télégraphes. Il entreprend des études supérieures de mathématiques, de physique et de chimie qui se soldent par l'obtention d'une double licence. Admissible au concours de recrutement des élèves-ingénieurs des Postes et Télégraphes en 1912, il est classé troisième alors que deux places seulement sont disponibles et doit le repasser deux ans plus tard. La guerre brise ce rêve et le fera se tourner vers l'enseignement non sans quelque regret16.

Mobilisé le 2 août 1914 au 12e dragon, il passe au 5e régiment de dragons en avril 191515 puis, en septembre 1917, au 8e régiment du génie. Démobilisé le 16 mars 1919, il aura fait 38 mois de tranchées dans les unités combattantes et reçoit la Croix de guerre avec citation17 à l'ordre de la 5e division de cavalerie. Sergent le 2 décembre 1916, sous-lieutenant à titre définitif le 15 octobre 1918, lieutenant de territoriale en 1923, il est officier de réserve jusqu'en 1933.

Bachelard s'est marié et a résidé avec sa jeune épouse dans le logement de fonction de la Mairie-école de Maisons-lès-Soulaines de juillet 1914 à octobre 1919.

Il s'était auparavant marié à Maisons-lès-Soulaines le 8 juillet 1914 avec Jeanne Rossi, directrice de l'école. Sur le certificat de mariage figurait par anticipation la mention de "professeur" alors qu'il n'avait donné que quelques cours particuliers en étant en disponibilité de la Poste. Il remplacera son épouse malade au cours d'une permission en qualité d'instituteur de classe unique18. L'expérience fut suffisamment concluante pour confier à Louis Guillaume, poète et directeur d'école, son bonheur d'être lu par des éducateurs, son attachement

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