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Union des Ecrivains Vosgiens
30 octobre 2020

Hildegarde La Gaude et Amous AVANT LA 3 è SELENITE : SUITE

Sorcières Sélénites au plafond suspendues

 

Alain Rey

Toute à sa préparation sélénienne, Cunégonde avait remplacé les patates douces par de la chair à potimarron entre autres tours de passe-passe culinaires. La tête encombrée d’un poème à la lune, elle réduisait sa sauce africaine aux treize piments kabyles sur le poêle à bois, et le beurre de cacahuète se fondait à merveille dans les légumes du crû. C’était trois jours avant la pleine lune. La semaine précédente, le plafond de plâtre vétuste du salon s’était tant fendillé qu’il avait menacé de tomber. Au prix de grands efforts, il fut mis à terre. Et voici que planait sur les prochaines Sélénites, surélevé comme par enchantement de plusieurs centimètres, un décor idéal pour envoûter la treizième lune et son nouvel an sorcier. Surgissant des vieilles planches de bois disjointes aux clous rouillés, quelques trous obscurs et béants laissaient apparaître ça et là le solivage et découvraient un peu du plancher de l’étage. Des morceaux de gypse antique s’en échappaient encore parmi des agglomérats poussiéreux de sciure et de bestioles mortes en suspension : Hollywood pour des liasses de dollars n’aurait pas égalé en réalisme aussi fantastique. D’autant que les dégueulis de plâtre iraient épaissir la soupe de potiron si nul ne songeait à protéger la table par un drap tendu au plafond. Le luminaire ne tenait plus qu’à ses fils électriques, et il se balançait au grand vent d’octobre. Tout comme le ciel suspendu à des broutilles n’allait pas tarder à tomber

 

sur la tête de ses irascibles compatriotes, dans une superbe allégorie, le plafond du salon de Cunégonde incarnait l’air du temps.

 

L’hôte revisitait son menu sélénien au fur et à mesure des changements de programme de ses convives. Loin d’être surréaliste en pareille nuit, de délicieux cadavres se profilaient en hors-d’œuvre, à exhumer de l’armoire lorraine grinçant de tous ses gonds, juste au moment de servir.

Il y avait le calendrier celtique où enlacer son arbre de naissance, les vers tout frais du dernier-né bleu-citrouille pour une incantation au lever de cette lune hors du commun, le vieux rhum charrette arrangé pour honorer les ancêtres en versant religieusement une larme d’alcool à terre à leur intention, et la triple-dose d’improvisation. En ingrédient phare, l’hommage absolu à Alain Rey, tout juste passé de vie à trépas. L’on trouverait bien prétexte drolatique à puiser dans son pharamineux Dictionnaire Culturel de la Langue Française qui donnait des airs de femme savante à Cunégonde. Et puis les pommes de verger cuites au four, la gouaille poétique et les mots d'esprit de Petrus Parisianus, si d’aventure l’épluchage du Monde diplomatique lui permit quelque répit à la campagne, l’adieu au merveilleux par la révérence du cirque Plume de Besançon qui venait de fendre les cœurs à rendre l’âme…

 

SUITE  lIEN

 Convier_les_betteraves_grima_antes_en_cette_nuit_pa_enne_particuli_re_du_31_octobre

 

Hildegarde La Gaude et Amous Les Sélénites sont partiellement publiées en pages Lorraine de l’hebdomadaire « l’Écho des Vosges ». Autres textes, poèmes ou articles de l’auteure sur le site mariepascale.f

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