ZEEV STERNHELL : le fascisme, une histoire française ?
Zeev Sternhell, historien du fascisme et militant pour la paix, est mort
Le célèbre historien et intellectuel israélien Zeev Sternhell s'est éteint à Jérusalem. Dans le coma après une intervention chirurgicale, il avait 85 ans. Ses travaux historiques et ses prises de position politiques, à gauche et pour la paix, lui ont apporté autant de notoriété que de critiques.
Historien à la brillante carrière internationale et figure éminente de la gauche israélienne, Zeev Sternhell est mort ce dimanche 21 juin. Retour sur sa vie et son oeuvre, consacrée en particulier aux origines du fascisme.
Pourchassé par les nazis
Enfant, il a été confronté au stalinisme puis au nazisme. Né le 10 avril 1935 à Przemysl (Pologne) dans une famille juive bourgeoise, non observante et sioniste, il voit l'URSS occuper sa région après l'invasion germano-soviétique de la Pologne en 1939. Mais la rupture du pacte entre Hitler et Staline, deux ans plus tard, voit un autre occupant prendre possession des lieux, comme il l'avait raconté au quotidien israélien Haaretz à l'occasion de la réception du Prix Israël 2008 pour ses travaux en Histoire et Science politique :
Alors que j'avais six ans, à l'été 1941, l'opération Barbarossa commence pour ainsi dire juste sous nos fenêtres, car nous habitions au bord de la Vistule. Je me souviens des vitres qui tremblaient, des tirs infernaux, de l'incroyable puissance des Allemands et, très vite, des longs convois de prisonniers russes terrifiés. Quelques mois après, nous avons été déplacés à notre tour dans le ghetto. La transition était brutale de la grande maison et de la verdure de mon enfance à la surpopulation, aux maladies et aux exactions du ghetto.
Pourchassé par les nazis, il vit caché dans un trou pendant trois jours avec sa mère et sa sœur (son père est mort au début de la guerre de cause naturelle) et voit la population du ghetto méthodiquement éliminée. Mais sa mère et sa sœur finissent par être arrêtées et le jeune Zeev ne les reverra jamais. Il arrive à fuir le ghetto avec son oncle, sa tante, un cousin et ils vivent jusqu'à la fin de la guerre cachés par deux familles catholiques de Lvov (aujourd'hui en Ukraine), qui seront ensuite désignées "Justes parmi les Nations".
Pour éviter d'attirer le soupçon, Zeev Sternhell et les siens se font passer pour des catholiques pratiquants : "Je n'ai cru en Dieu que quand j'étais catholique", plaisantera-t-il en 2011 dans À voix nue sur France Culture. Zeev Sternell explique dans cette même émission qu'il leur a été d'autant plus facile de jouer ce rôle que sa famille ne parlait pas yiddish (la langue germanique de nombreux Juifs d'Europe de l'Est) mais le polonais.
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