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Union des Ecrivains Vosgiens
29 septembre 2020

Le premier des Salons Sélénites chez Cunégonde...2 septembre ,et le second jeudi 1er octobre

 

quinto (3) quinto 

 

Le premier des Salons Sélénites chez Cunégonde : la déconfiture, flippe et flop ? (1)

 

Une chose est sûre. Ce salon décalé se réclamant pompeusement des Arts et des Lettres, pleine lune et pleine cambrousse, s’est bel et bien tenu ce 02 septembre quelque part sur le Plateau Lorrain, en Plaine des Vosges. An 1er du confinement, et conformément au calendrier lunaire, le prochain sélénite se tiendrait donc le 1er octobre, promettant des feuilles de vignes pour souligner les agapes.

 

A dix heures du matin l’hôtesse de ces bois s’effrayait à l’idée de  ne  recevoir chez elle que des mâles impudents. Son annonce sur facebook, le réseau social des boomers, fanfaronnait « l’objectif assumé que l’inspiration coule à flot et que les hommes dansent nus sur les tables ! ».  Le seul et l’unique, l’écrivain-poète autoproclamé des Vosges qui revenait de s’estourbir dans la Capitale pour oublier la nullité de ses pair·e·s, en resta coi, la langue de travers.

« Nus peut-être, mais masqués » commentait doctement le médecin généraliste la plus courue du terroir, sous le poste alarmant de la Cunégonde de Jeûnecourt-sur-Fumier. A midi totale déroute, presque tous les convives se décommandaient. A quatorze heures le premier des salons sélénites menaçait de virer en de sages bacchanales versus soirée – filles des plus banales. La parité n‘est pas un genre facile, les rapprochements déconfinés non plus. Au cent coups Cunégonde tenta de nouvelles invitations. Sur les conseils d’une âme-mie elle revisita son annonce : « les températures s’étant rafraîchies, la partie finale est reportée à des dates plus clémentes ».  Puis troisièmement elle se vautra dans des explications de texte par messages privés pour tenter d’alléger la farce - le sieur Robin de la Chopine de Mériville-sur-Madon l’ayant prévenue qu’il refuserait de finir nu comme un ver sur une table, même ivre mort à l’aube.

 

Une plume dans son village aux cent vingt âmes, croisée la veille dans la Ruelle des Loups et conviée derechef au banquet, gagea d’offrir en lecture quelques vers extatiques de Maurice Scève, extraits de « Délie objet de plus haute vertu », parut en 1544 à Lyon : soit le premier recueil de poèmes  amoureux qui fût publié en France à la manière de Pétrarque. Mais au matin des Sélénites, le  principal de collège à la retraite se confondait en excuses dignes d’un écolier surpris dans les buissons. Affronter un public le plongeait dans l’angoisse, cela même dans le plus reculé des trous du cul du monde. Dans son tourment il s’inquiétât de savoir combien de temps la lune mettrait pour revenir en son entier.

 

Le voisin de palier d’une époque révolue ravissant le Tout-Nancy de l’avant-garde artistique,  Petrus Parisianus,chantre intellectuel aux rêves saturniens dont la seule et pieuse ambition consistait à réenchanter le monde des pauvres gens, annonça brièvement par texto un agenda de rentrée. (Effectivement il avait du pain sur planche). La très en vue plasticienne LGBT Franc Volo proclamait tout doucement qu’il existait un Dieu pour les fêtards. Patience et longueur de lunes seraient de mise pour songer à traverser tout un département – lui qui revenait tout droit de la mort, fauché par une rupture d’anévrisme en plein vernissage de son expo au Royal Royal de Nancy, dans son centre-ville aux masques obligatoires. C’est Franc Volo qui illustre la couverture du premier roman de Pierre Stival, un auteur qui « bouscule les règles du genre » (chronique de Françoise Lison) avec un « texte de très haut niveau littéraire » (Denis Billanboz) pour « Une caravane attachée à une Ford Taunus » roman à haut potentiel poétique aux éditions Cactus Inébranlable.

 

Franc Volo Paco Vigneron

 

(photo : « Vaccin Tout Va Bien »- œuvre issue du confinement co-signée Franc Volo / Paco Vigneron)

 

Passablement remis d’une cuisante veste électorale et frénétiquement occupé à rédiger trois ouvrages à la fois, Dom Perlin François de Sonchar et de Lune en Vièle se terra dans un silence de scribe.

 

Hors de page, le preux chevalier Marcus Kundalinius de la Source Vive en Saône s’arrêta net sur la ligne de partage des Eaux, dans la Vôge pittoresque. Soudain pris d’une jubilation toute épistolaire, il envoya son pli électronique à la Cunégonde en ces termes : « Tu voudrais me déshabiller, et tu m'invites à une fête scabreuse où les hommes doivent se retrouver nus à danser sur les tables ? Je crains qu'il ne me pousse des sabots aux pieds et des cornes de bouc sur le crâne. J'hésite donc un peu, en tant que silène potentiel, à me rendre pour l'heure à ta fête sélénite. D'autant plus s'il m'est impossible de cacher certains attributs que l'on prête toujours fort agissant à ce genre de faune des banquets nocturnes. Pardonne-moi mais tout cela excite ma curiosité, alors je conserve cette idée de me laisser inviter à une pleine lune au milieu de garous, sorcières, ankus et autres trolls. »

 

Prompte à relever tous les défis créatifs, la Montbéliarde callipyge Soccolis de Sybaloo qui sillonnait plantureusement l’hexagone au volant de son VV en écrivant « le code de ma route »– une Belle dormant depuis vingt-cinq lunes dans son camion-maison-nomade emplit de gris-gris colorés pour insuffler le monde d’après –   dut reporter à plus tard sa traversée désormais rituelle des Monts Faucilles.

 

Sieur Tienne Haribo de Mange-Tout, tout occupé à révolutionner la tonalité de la presse locale,  se résigna sagement à laisser prendre la sauce sélénienne pour se concentrer sur l’imminente arrivée du premier Ministre dans la Cité du Chat Botté. Quant au danseur chorégraphe contemporain Amon Bey, le très sexy New-Yorkais confiné dans les Vosges depuis plus de cent vingt lunes, mais crédité d’une nouvelle dimension internationale avec sa récente performance boréale au pôle Nord, il ne répondit que d’un pouce à Cunégonde.

Amon Bey

  Amon Bey.jpg

(photo Amon Bey) :

-le danseur chorégraphe Amon Bey

Cours au Centre Culturel de Golbey : 03.29. 31.43.77

 

© sculpture "Lac Tchad" [Fragment] de l'artiste Sylvie de Meurville - photo Sophie Bey ©

 

 

Vu la tournure des évènements, la gueuse retourna sur son mur des lamentations virtuelles, hélant le comte Michou Petit Beurre des Lyres et de Lu, un psychiatre renommé sur la Place des Vosges : bien qu’alléché par la proposition, il déclara forfait après quelques heures de réflexion.

 

A vingt heures sous les lampions de son salon sensé crever l’invisible plafond de verre, réconcilier Nature et Culture, rats des villes et rats des champs – un salon sélénite pour bâtir des ponts entre femen et phallocrates, évangiles et saints versets coraniques, traditionalisme et post-modernité… Cunégonde entrait en résistance au nom de toutes les annulations de spectacle vivant qui ricochaient sans pitié sur la culture déconfite… Elle dansait toute en chœur avec Abba sur sa play-list de ménopausée décomplexée, porte et fenêtre grandes ouvertes. C’était l’an premier du confinement planétaire – lequel ne dérangeât que l’espèce humaine. 

 

(à suivre)

 

Hildegarde la Gaude et Amus

 

 

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